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Phytos Pomme-poire, la filière qui dialogue avec Greenpeace

Longtemps attaquée par les associations environnementales, la filière de la pomme et de la poire a su construire un dialogue avec la société. Dix ans après sa création, le label « Vergers écoresponsables » est un gage de qualité pour le consommateur.

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Montrée du doigt il y a quatre ans par les associations environnementales et les consommateurs (cf. le rapport « pommes empoisonnées » de Greenpeace), la filière de la pomme et de la poire a su s’organiser et communiquer auprès du grand public. De quoi faire des envieux auprès d’autres filières… Quel est son secret ? « Nous répondons aux attaques avec la non-violence. La porte la mieux fermée est celle que l’on peut laisser ouverte », a indiqué Daniel Sauvaitre, président de l’Association nationale pommes poires, en marge de la journée technique de la Morinière, le 27 juin 2019 à Saint-Epain (Indre-et-Loire).

Un label repris par McDo

En 2008, les producteurs ressentent le besoin de se fédérer pour mieux communiquer. Ils créent l’Association nationale pommes poires (ANPP) et le label « Vergers écoresponsables », avec un budget communication inférieur à un million d’euros par an.

 

Aujourd’hui, le label rassemble 1 300 vergers (65 % des surfaces de pommes) et 22 % des consommateurs le connaissent. « Le label rassure. Pour 86 % des personnes interrogées, il est un engagement de production respectueuse de l’environnement. Le plus significatif est que d’autres acteurs le revendiquent aussi, comme McDonald’s sur ses sachets de pomme à croquer », note Sandrine Gaborieau, responsable de la communication à l’ANPP.

 

L’efficacité du label commence à se ressentir aussi au niveau de la concurrence européenne. Cet hiver, des pommes de Pologne sont arrivées en masse sur le marché, entre 0,30 et 0,50 €/kg alors que les pommes françaises étaient autour de 1 €/kg. « Les ventes françaises ont résisté. Le message « manger français » commence à résonner auprès du consommateur », ajoute Daniel Sauvaitre.

Davantage de biodiversité au verger

Même si la filière reste sous le feu des projecteurs, les associations environnementales ne lui tirent plus dessus à boulet rouge. Et pour cause, des échanges ont été entrepris avec Greenpeace et France Nature Environnement (FNE). Un travail technique sur des variétés moins sensibles aux maladies et sur le renforcement de la biodiversité a été mis en œuvre. 100 % des vergers labellisés pratiquent la confusion sexuelle ou ont mis en place des filets « insect proof », 8 000 nichoirs à mésanges ont été mis en place…

 

De nouveaux indicateurs, comme la fixation du carbone par les vergers, devraient renforcer le côté écologique du label. L’objectif est d’arriver à 50 % des vergers labellisés, certifiés « haute valeur environnementale » (HVE) d’ici à 2022. « Face aux demandes tous azimuts du consommateur, nous gardons la tête froide. Nous devons être un pôle de stabilité pour traverser les modes », ajoute le président.

Des défis techniques

Pour autant, tout n’est pas rose. Chaque distributeur tente de se différencier avec son propre label (bio, zéro résidu de pesticide, protection des abeilles…), ce qui peut brouiller le message. « Faisons attention à la surenchère entre nous », prévient Daniel Sauvaitre.

 

Et pour maintenir la confiance du consommateur, les pomiculteurs devront également relever des défis techniques : suppression de certaines molécules, révision de l’arrêté abeille, pression des pucerons ou des punaises diaboliques qui arrivent de l’Italie… Des évolutions qui demandent une remise en cause constante.

 

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